Chaque année, le Black Friday déferle sur la France, et les enseignes rivalisent d'offres spectaculaires. Pourtant, certains commerçants décident de ne pas participer à cette tradition venue tout droit des États-Unis. Pourquoi ce refus alors que la majorité des marques s'y engouffrent, parfois à contrecœur ? Si la plupart y voient une occasion inévitable de faire grimper leur chiffre d'affaires, d'autres s'interrogent sur le véritable coût, au-delà des remises affichées. Un débat qui, mine de rien, interroge notre rapport à la consommation et à la fidélité aux valeurs défendues par les entreprises.
Certains commerces refusent catégoriquement de participer au Black Friday. Pourquoi ? Pour eux, cet événement encourage surtout la frénésie d'achats inutiles. Le gaspillage, c'est leur hantise. Acheter pour acheter n'a jamais fait partie de leur vision du commerce. Ils préfèrent miser sur une consommation raisonnée, quitte à s'attirer les foudres de clients avides de bonnes affaires.
Plusieurs enseignes engagées - souvent issues du secteur de l'habillement ou du bio - dénoncent le caractère éphémère et artificiel de cette journée. Vendre à tout prix, quitte à brader les stocks ? Très peu pour elles. Leur argument : le Black Friday incite à la surproduction, donc à la pollution. Ce combat contre l'excès passe parfois par des opérations alternatives, comme le Green Friday ou le Giving Tuesday.
D'ailleurs, une enquête menée en 2024 par l'ADEME révélait que 67% des Français considèrent le Black Friday comme néfaste pour l'environnement. Un chiffre qui donne matière à réflexion, surtout pour les marques soucieuses de leur image éthique.
Les marges, parlons-en ! Beaucoup de petits commerçants ne peuvent pas suivre le rythme imposé par les géants du e-commerce.
" Nous ne pouvons pas casser nos prix comme Amazon, ça nous mettrait en difficulté "
confiait récemment un gérant de librairie indépendante. Pour ces structures, participer reviendrait à vendre à perte ou presque. Le calcul est vite fait : un rabais massif peut mettre l'équilibre financier en danger.
À cela s'ajoute la question de l'image de marque. Certaines enseignes de luxe, par exemple, refusent catégoriquement le Black Friday afin de préserver leur positionnement haut de gamme. Pas question de brader un sac à main à 300 euros sous prétexte de l'événement ! Ce positionnement assumé séduit une clientèle en quête d'exclusivité.
Le refus du Black Friday apparaît alors comme un acte militant, mais aussi stratégique. Il s'agit de défendre une identité, des valeurs, et parfois, une clientèle fidèle qui partage ces convictions.
Face à la pression du calendrier promotionnel, certaines enseignes innovent. Plutôt que de s'aligner sur le Black Friday, elles organisent leur propre temps fort, axé sur la solidarité ou l'écologie. Le Green Friday, lancé en 2017, invite par exemple à consommer autrement. Plusieurs marques françaises, dont Nature & Découvertes et Faguo, ont rejoint ce mouvement.
D'autres optent pour une communication transparente : elles expliquent à leurs clients pourquoi elles ne participeront pas à la frénésie promotionnelle. Un choix qui demande du courage, tant l'attente des consommateurs peut être forte. Parfois, ce sont les salariés eux-mêmes qui militent pour une autre façon de vendre, lassés par la course aux rabais et les cadences infernales.
Pour celles et ceux qui souhaitent créer ou développer leur propre commerce en ligne tout en s'interrogeant sur leur positionnement face à ce phénomène, cet article de conseils sur l'e-commerce propose quelques pistes pour naviguer entre éthique et rentabilité.
Malgré tout, résister au Black Friday reste l'exception. La plupart des enseignes, grandes ou petites, finissent par céder à la tentation. Pourquoi ? Tout simplement parce que les clients l'attendent. Dès la mi-novembre, les requêtes liées au Black Friday explosent sur Google. Les consommateurs scrutent les catalogues, comparent les prix, s'arment de patience avant de dégainer leur carte bancaire.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2024, plus de 80% des sites de vente en ligne français ont proposé des promotions pour le Black Friday. Même les enseignes qui, initialement, affichaient leur hostilité, finissent souvent par proposer quelques offres " discrètes " pour ne pas perdre leur clientèle au profit de la concurrence.
Le Black Friday est devenu, pour beaucoup de commerçants, un passage obligé. Refuser d'y participer, c'est risquer de voir ses ventes stagner à une période clé, juste avant Noël. Pour certains, la question ne se pose plus. Ils s'adaptent, parfois à contrecœur, à cette nouvelle norme commerciale.
Cette tendance s'explique aussi par l'essor du e-commerce, qui a totalement bouleversé les usages. Pour mieux comprendre comment cet événement s'est imposé et ce qu'il implique, vous pouvez consulter cet éclairage sur les origines et les enjeux du Black Friday.
Des noms ressortent régulièrement lorsque l'on évoque le refus du Black Friday.
Sur les réseaux sociaux, ces enseignes n'hésitent pas à expliquer leur démarche, quitte à s'attirer des commentaires parfois virulents de consommateurs frustrés de ne pas trouver " la promo du siècle ".
Les réactions des clients sont loin d'être unanimes. Certains applaudissent ces initiatives et saluent le courage des marques qui osent dire non. D'autres expriment leur déception, voire leur colère, estimant que le Black Friday est devenu un droit acquis. Impossible de plaire à tout le monde.
Pour les commerçants qui choisissent l'option " boycott ", la pédagogie est essentielle. Expliquer, rassurer, proposer des alternatives : tout cela prend du temps, mais peut porter ses fruits sur le long terme. Une relation de confiance se construit avec une clientèle sensible à ces valeurs.
À l'inverse, une partie de la population attend toujours des promotions massives, quitte à se tourner vers la concurrence si leur enseigne favorite ne joue pas le jeu. Dilemme cornélien !
Refuser le Black Friday, c'est aussi se démarquer. Certaines marques utilisent ce positionnement pour attirer une clientèle plus engagée. Le message ? Acheter moins, mais mieux. Cette stratégie peut renforcer la fidélité des clients, qui se reconnaissent dans les valeurs de l'entreprise.
Bien sûr, la sincérité de la démarche est scrutée à la loupe. Gare au " greenwashing " ! Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à la cohérence entre les discours et les actes. Une enseigne qui prône la sobriété mais multiplie les ventes privées toute l'année risque de perdre sa crédibilité.
Le refus du Black Friday, loin d'être un simple coup de com', s'inscrit alors dans une stratégie globale de différenciation. Un pari parfois risqué, mais qui peut s'avérer payant sur le long terme.
Adopter une position anti-Black Friday n'est pas sans conséquence financière. À court terme, les enseignes qui boycottent l'événement enregistrent souvent une baisse de chiffre d'affaires durant cette période. Certaines acceptent ce sacrifice, convaincues que la fidélisation et la cohérence de leur message compenseront la perte sur la durée.
Pour d'autres, ce choix représente un luxe qu'elles ne peuvent pas se permettre, surtout dans un contexte économique tendu. La tentation de revenir sur leur décision, au fil des années, n'est donc jamais loin.
| Motivation | Enseignes concernées | Conséquence principale |
|---|---|---|
| Refus de la surconsommation | Camif, Faguo | Valorisation de l'image éthique, baisse des ventes sur la période |
| Protection des marges | Commerces indépendants | Sauvegarde de la rentabilité, risque de perte de clients |
| Préservation du positionnement haut de gamme | Enseignes de luxe | Maintien de l'exclusivité, fidélité d'une clientèle premium |
| Adhésion à une alternative (Green Friday, etc.) | Nature & Découvertes, Emmaüs | Engagement sociétal, visibilité accrue auprès d'un public sensibilisé |
En France, la perception du Black Friday évolue lentement. Si l'événement reste incontournable pour la majorité, de plus en plus de voix s'élèvent pour questionner son utilité et ses dérives. Les médias relaient abondamment les initiatives alternatives, tandis que certains clients deviennent plus attentifs à l'impact écologique de leurs achats.
On observe aussi une montée en puissance des labels " responsables ", mis en avant par les marques qui refusent de céder à la tentation des rabais massifs. L'avenir ? Peut-être une hybridation, où chaque enseigne choisit sa propre voie, entre promotions modérées et engagement assumé.
Le Black Friday, c'est un peu le miroir de notre société de consommation. D'un côté, des enseignes qui s'y engagent à reculons, persuadées qu'elles n'ont pas le choix si elles veulent survivre. De l'autre, des marques qui font de la résistance, quitte à perdre temporairement en rentabilité. Pas de solution miracle.
En définitive, la question du refus du Black Friday rejoint celle du sens que l'on donne à l'acte d'achat. Pour certains, consommer moins mais mieux n'est plus un slogan, mais un véritable engagement. Pour d'autres, la course aux bonnes affaires fait partie intégrante du plaisir d'acheter.
Alors, faut-il boycotter le Black Friday ou s'y engouffrer ? Chacun se fera son opinion. Les enseignes, elles, continueront sans doute de jongler entre impératifs commerciaux et convictions affichées. Et vous, de quel côté penchez-vous ?
